2016, la crue printanière du siècle

 


Début juin a été marqué par une importante crue de la Loire qui n'a pas été sans étonner nombre de promeneurs. Quelques-uns se souvenaient de 1977, mais sans plus. A partir des données produites par la DREAL des Pays de la Loire, le GIP Loire Estuaire s'est livré à un intéressant travail de compilation des débits moyens journaliers, à Montjean-sur-Loire, pour les 5 mois de juin qui ont apporté le plus d'eau douce en Loire, depuis 1900.

Par ordre chronologique, les débits mensuels moyens étaient les suivants.

-         juin 1910 : 1670 m3/s

-         juin 1926 : 1710 m3/s

-         juin 1951 : 1400 m3/s

-         juin 1977 : 1830 m3/s

-         juin 2016 : 1927 m3/s

Une analyse journalière permet de constater que le 7 juin 2016, toujours à Montjean, le débit de la Loire a atteint 3700 m3/s. Le 3 juin 1977, le débit avait atteint 3580 m3/s. La crue de printemps 2016 fut donc bien la crue printanière du siècle avec essentiellement des conséquences pour certaines cultures et pour le foin, pas encore fauché, des prairies inondées.

Les “anciens”, dans le val du Louet, évoquaient parfois la crue de mi-juin 1926. “Le dimanche matin on a vu les veilloches partir au fil de l’eau. C’était un coup de Vienne”, disaient-ils. A cette époque, l’herbe fauchée et séchée était mise en meules appelées veilloches, dans l’attente d’être ensuite stockée dans les greniers.

Les causes

Fin mai 2016, une grande partie de la France a été touchée par des précipitations abondantes et concentrées sur quelques jours. Un mois de mai des plus pluvieux depuis près de 60 ans (période 1959-2016). Dans un flux de sud, des remontées pluvio-orageuses intenses ont touché le pays les derniers jours de mai (28 mai, suivies du 29 au 31 mai et les 1 et 2 juin). Le passage d'une perturbation très active, alimentée en air chaud, a produit des cumuls de précipitations particulièrement importants et exceptionnels.

En quatre jours des cumuls de pluie ont souvent atteint 80 à 120 mm sur le Centre et l'Île-de-France, soit l'équivalent de trois mois de précipitations sur ces régions. De nombreux records mensuels de pluie en 24 heures ont été battus de la région Centre aux frontières du Nord avec des cumuls supérieurs à 50 mm, souvent proches ou équivalents à un mois de pluie.

L'Anjou n'a pas été épargnée, durant ces 3 jours, il est tombé 107 mm de pluie, la moyenne n’est que de 58 mm, le record datant de mai 1981 avec 142 mm.

“Ce résultat est surtout dû à trois jours très pluvieux, relève un technicien de Météo France, à Beaucouzé. Nous avons enregistré 24 mm le 11 mai, 18 mm le 28 mai et 42 mm le 29 mai”.

Les conséquences

Suite aux épisodes pluvieux de ces 4 jours, les cours d'eau ont évacué une grande partie des précipitations. La Loire amont, l'Allier, tous les affluents de la Loire tourangelle et la Vienne ont contribué à la montée des eaux de la Loire saumuroise.
Dès le 2 juin 2016, l’onde de la crue se propage en Anjou, elle se renforce par l'apport important du Loir, de la Sarthe, de la Mayenne et de la Maine. Le 6 juin, à Angers la cote de la Maine est de 4,92 m ; ce même jour, aux Ponts-de-Cé, le pic de crue atteint la cote 4,77 m et, le 7 juin, 4,66 m à Montjean.

 Cette crue du siècle, pour un mois de juin, conséquence de fortes précipitations pluvio-orageuses, reste cependant très modérée en regard de la crue de début juin 1856 où la Loire a monté de près de 5,50 m en trois jours et a provoqué une brèche dans la levée, au droit de la Chapelle-sur-Loire, en provoquant l'inondation du Val d'Authion. 

Toujours est-il qu’on ne pourra plus dire “de mémoire d’homme, on n’a jamais vu cela”.

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