Un été particulier en 2011 – bis repetita
En novembre 2011, nous avions publié, dans notre lettre d’information, un article consacré à cet été particulier et, par-delà des considérations générales, nous avions présenté quelques suggestions pour remédier à ces conséquences de sécheresse. Nous croyons bon de republier quelques extraits de cet article car, que s’est-il passé depuis cette date ? RIEN ! Faut-il attendre le déluge, pour agir !
La situation du mois de juillet 2011 avait été particulièrement tendue puisque le débit, toujours à Montjean, a frôlé le débit de crise (DCR) de 100 m3/s. Pour mémoire, le D.C.R. est “la valeur du débit en dessous de laquelle seuls les exigences de la santé, de la salubrité publique, de la sécurité civile et de l’alimentation en eau potable de la population et les besoins des milieux naturels peuvent être satisfaits” (SDAGE Loire-Bretagne). Ceci explique pourquoi le préfet a dû, à de nombreuses reprises et avec justes raisons, réglementer sévèrement l’usage de l’eau. Par la suite, avec des débits moyens oscillant autour de 140 m3/s, la situation est restée délicate.
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La publication du rapport sur “l’impact du changement climatique en France sur la sécheresse et l’eau du sol”- projet Climsec - est particulièrement intéressant à cet égard. Cette étude porte sur l’évolution passée et future des réserves d’eau des couches superficielles des sols et a mis en évidence, pour la période 1958-2008, les variations régionales et saisonnières de ce paramètre (sols plus secs dans les régions méditerranéennes mais aussi dans l’Ouest) ainsi que les tendances statistiquement significatives de l’assè-chement des sols dans le pays, notamment en hiver et début de printemps sur une large moitié sud et en été dans les zones de montagne. Pour le futur, il est à prévoir une accentuation rapide des sécheresses pour la seconde moitié du XXIe siècle avec une augmentation des différences d’intensité entre périodes sèches et humides, toutes choses à prendre en compte pour la préparation des mesures d’adaptation.
Compte tenu de l’évolution de la situation, les chercheurs de l’INRA suggèrent, une réforme en profondeur des pratiques agricoles. “Ajouter quelques retenues d’eau ici ou là, pourquoi pas. Mais étant donné la raréfaction attendue des pluies, il faut surtout modifier notre système de culture, même si les syndicats agricoles n’aiment pas entendre ce discours estime Nadine Brisson, directrice de recherche à l’unité Agroclim de l’INRA, à Avignon. Les chercheurs de l’INRA évoquent alors plusieurs pistes comme décaler les cycles de cultures pour éviter que les moments où les plantes ont de grands besoins en eau coïncident avec les périodes de pénurie - cas typique du maïs -, remplacer une partie des surfaces semées en maïs par des cultures d’hiver moins gourmandes en eau, comme le blé ou le colza, etc.
Il ne s’agit pas de solutions de chercheurs enfermés dans leurs laboratoires car des travaux expérimentaux prouvent leur bien fondé. La preuve en est dans les travaux effectués dans la ferme des Trinottières (Chambre d’Agriculture de Maine-et-Loire) et exposés dans “l’Anjou agricole” du 1 juin. Des mélanges de céréales-protéagineux immatures, de sorgho et de luzerne ont été cultivés pour fournir des fourrages alternatifs économes en eau, testés sur vaches laitières. Selon un des responsables de la ferme “nous obtenons de très bonnes performances zootechniques, quoiqu’un peu inférieures à une ration 100 % maïs ensilage, mais nous restons à des niveaux de production élevés”. Il y a là, manifestement, des pistes d’évolution des pratiques culturales dont il convient de se préoccuper, dès maintenant, sans attendre d’avoir le dos au mur car l’agriculture représente à elle seule 50 % des prélèvements annuels d’eau et bien plus en période d’étiage. Le devoir des pouvoirs publics n’est pas de mettre en œuvre des “rustines” en finançant, peu ou prou, des bassins-réservoirs mais, au contraire, d’encourager la préparation de l’avenir. Si des aides doivent être apportées, c’est dans ce sens qu’il faut le faire.