Croisière fluviale sur la Loire
(suite)



Les associations de protection de l'environnement avaient publié un communiqué de presse à ce sujet en mars 2014 et un article y avait été consacré dans la lettre N° 57 de septembre 2014.

Le Conseil Régional a cru devoir organiser une rencontre des associations avec CroisiEurope le 20 octobre 2014 pour une présentation du projet. Depuis la publication des premières informations sur celui-ci, datant de février 2014, beaucoup d'eau avait déjà coulé sous les ponts .......car les associations n'étaient sans doute pas prioritaires.
Lors de cette rencontre, l'entreprise CroisiEurope a exposé la grande expérience qu'elle possédait sur de nombreux fleuves d'Europe et même du Monde, que ses croisières connaissaient un grand succès et que tout laissait penser qu'il en serait de même pour la Loire. Belle présentation commerciale, sans grand intérêt, où "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles".

En posant cependant quelques questions précises, il a été permis de connaître quelques détails techniques intéressants :

La propulsion est assurée par deux moteurs Diesel de 300 kw auquel il faut ajouter un propulseur à l'avant et un à l'arrière pour améliorer la manœuvrabilité d'où une forte capacité à tourner sur place, selon CroisiEurope.
- Le tirant d'eau maximal en charge serait de 8o cm et le pied de pilote à respecter serait, au minimum, de 20 cm, toujours selon CroisiEurope.
- Les roues à aube ont un diamètre de 4,50 m et leur partie inférieure est 10 cm au dessus du fond du navire.
- La vitesse de rotation des roues est de 40 tours/minute
- La vitesse linéaire d'évacuation de l'eau en bout des aubes serait égale à deux fois la vitesse tangentielle de celles-ci.
- La navigation est envisagée d'avril à novembre dans la mesure où le débit de la Loire à Montjean-sur-Loire serait compris entre 300 et 1300 m3/s.

    Si ce projet de croisière fluvial est de la responsabilité de Croisieurope, et nous espérons de sa seule responsabilité pour le meilleur et pour le pire, il n'en reste pas moins que certaines questions interpellent.

    • Le pied de pilote est l'espace compris entre le fond d'un navire et le fond du fleuve. Compte tenu de la longueur du bateau (96 m), avec un pied de pilote de 20 cm, le risque de voir s'échouer le bateau (ondes de sable sur le fond) paraît bien important.
    • La vitesse tangentielle des roues à aubes sera de 9,4 m/s ce qui se traduira par une vitesse d'évacuation de l'eau en bout d'aubes de l'ordre de 18 m/s. En période d'étiage, la crainte que nous avions évoquée de voir mettre en mouvement le sable du fond du lit, où la vitesse du courant est de l'ordre de 1,5 m/s, est on ne peu plus justifiée. Il faut ajouter à cela, comme l'a fait remarquer une éminente scientifique, amie de Loire Vivante, que la remise en suspension des sédiments de fond s’accompagnera d’une totale désorga-nisation des communautés vivantes de cette zone interstitielle (invertébrés, larves d’insectes, mollusques, crustacés....) base de la chaîne alimentaire et donc garante de la richesse faunistique du fleuve.
    • La capacité du navire à tourner sur place dépend certes de ses capacités manœuvrières mais faut-il, en outre, qu'il dispose de l'espace fluvial pour le faire. Longueur du navire 96 m…..
    • Embarquer dans un bateau de croisière nécessite, à tout le moins, un quai d'embarquement. Le problème est loin d'être résolu à Bouchemaine et peut-être aussi à Ancenis. Dans l'esprit de CroisiEurope, ce sont les deux étapes à partir desquelles les circuits touristiques en cars seront nombreux. Il s'agit d'ailleurs plus d'un bateau-hôtel que d'un bateau de croisière.

    Sur une diapositive du diaporama présenté par CroisiEurope il était indiqué que le chenal sera "entretenu" par V.N.F. Cela a suscité une réaction immédiate de la Sauvegarde de la Loire angevine qui a demandé que cela soit remplacé par "balisé" car V.N.F. s'est engagé à affiner son balisage mais n'envisage nullement d'effectuer des travaux pour améliorer le chenal.

    Pour conclure, les associations ont réaffirmé les deux principes qu'elles considèrent comme incontournables :

    • Que les bateaux doivent être adaptés au fleuve et à son hydraulicité et non l’inverse.
    • Que la stratégie de reconquête géomorphologique du lit de la Loire, qui est d'intérêt général, ne soit pas compromise par des concessions remettant en cause sa cohérence et ses enjeux pour le devenir du fleuve.

    Nota : Le site internet du Conseil Régional a publié, le 1er décembre 2014, une fois de plus, une magnifique photo du MS Loire Princess devant la mairie de Saumur !

    "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse" (A. De Musset)

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